Journée mondiale de prière pour les malades: témoignage

Lorsque, avec  père Pierre nous avons parlé de cette célébration (du 3 mars 2013), il m’a demandé de penser à quelqu’un pour témoigner, une personne vivant avec une maladie ou un membre de la famille d’un malade,  un soignant ou encore un  ou une bénévole.

En demandant aux visiteuses d’aumônerie, plusieurs noms nous sont venus à l’esprit. En prenant contact avec ces personnes, ce qui m’a marqué, c’est la crainte de témoigner, parce que la maladie, la vieillesse, la faiblesse, aujourd’hui, ou le culte de la jeunesse, du paraître et la compétition ont tant de valeur, les gens différents dérangent, et pourtant nous avons tant à apprendre d’eux.

Car cela marque la vie de tout homme. Celui ou celle qui souffre bascule dans un monde où le corps ne répond plus et, en même temps prend toute la place. Et ce n’est pas seulement la chair qui est touchée.
Intérieurement la souffrance isole et donne parfois le sentiment d’être inutile ou encombrant.
La maladie peut aussi conduire à la révolte, au repli sur soi, au refus des autres.
Elle favorise aussi le retour sur sa vie, sur ce qui n’a pas marché, sur les souffrances passées et les regrets.
Inévitablement, même si les espoirs de guérisons sont réels, la maladie évoque la question de la fin de vie et les angoisses qui l’accompagnent.

Pour toutes ces raisons, le malade a besoin d’être entouré, aidé, soutenu, écouté.

Parmi les personnes contactées, une de mes amies m’a permis de prendre la parole à sa place. Elle a appris il y a peu de temps, qu’un de ces enfants était porteur du gène responsable de sa maladie. Lors de notre premier contact, elle me faisait part de ce sentiment de culpabilité qui l’habitait, car en donnant la vie, elle avait également donné la maladie. Mais ce qu’elle craignait le plus, était le changement de regard des gens, envers elle et sa famille, qu’il se change en regard de pitié car ce n’est pas cela dont ils ont besoin…

Lorsque je lui ai demandé si je pouvais témoigner de ce qu’elle vivait, voici quelle a été sa réponse :

« Que te dire, rendre attentif les autres personnes, me semble difficile, car celui qui est bien ne pense qu'a lui, à l'inverse de celui qui vit seul, sans famille, sans argent ou conflit familial, divorce ou maladie, sera toujours le premier à aider les autres et à cacher ses souffrances derrière un sourire. Car somme toute dans le combat de tous les jours, nous apprécions, un sms, une fleur,  un café, ou autre simplicité, et avons comme but que demain soit meilleur...

La maladie qui partage ma vie depuis plusieurs années, s’appelle la maladie d’Hashimoto.  Des jours je lui en veux, et des jours je suis en pleine forme.... Après la formation des nodules,  plusieurs cyto-ponctions, de multiples échographies, une dernière grossesse, fin 2009 j'ai subi l'ablation d'un goitre couvert de nodules, qui descendait sur l’œsophage, appuyait sur la trachée. Celle-ci a dû être remise en place car le goitre l'avait poussé sur le côté gauche de 3 centimètres. Depuis deux ans, un nodule s'est formé sur le lobe gauche de la glande thyroïde qui n'a pas été opéré car il était en parfait état en 2009. En octobre de l’an dernier, lors d'une échographie, le nodule ne s'est ni multiplié, ni agrandi, par contre le lobe a grossi. Dès lors, afin de ralentir sa croissance, le dosage fut augmenté, le premier bilan, 6 semaines plus tard était bon, mais depuis, les choses ont changées et depuis une semaine, le dosage journalier est à nouveau augmenté. Le prochain contrôle sanguin est prévu dans 6 semaines. A chaque changement de dosage, l'adaptation se fait ressentir...

Puis avec Hashimoto, les problèmes de cycle ont été fréquents, cela m'a valu quelques ablations de kystes ovariens, et de polypes utérins. Afin d'éviter une xème opération depuis 2010 je prends en parallèle un traitement d'hormones afin de mettre mon corps en pré-ménopause... Les crises de frilosité, le moral à zéro, les douleurs musculaires, articulaires, la constipation, le manque de sommeil, les bouffées de chaleurs, la perte de cheveux, les ongles fragilisés...Son eux aussi mes compagnons de vie....

Malgré ceci, je suis une maman et une épouse heureuse, j'aime la vie et mes souhaits les plus cher sont, vivre longtemps, passer un max de temps avec les gens que j'aime, devenir une grand maman câline et disponible, partager encore et encore chaque instant, m'instruire dans divers domaines, et quand le moment sera venu de quitter cette vie, m'en aller sans déranger.....

Aujourd'hui mes mains, et mes avant-bras me font très mal, mais demain sera un autre jour et peut- être que les douleurs seront plus douces.... »

Ce témoignage, je ne suis pas allé le chercher bien loin, cette personne fait partie de notre communauté, de notre paroisse  et  j’ai une grande admiration pour elle, pour son courage, ses engagements. Je suis très heureuse de compter dans ma vie une amie comme elle.

Alors changeons notre regard sur les autres, tous les autre et dans chaque personne rencontrée, retrouvons le visage du Seigneur.
Michèle Lusa