Lettre à nos aînés

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A mon tour le privilège de vous écrire. D’ordinaire, dans mon ministère de théologien engagé au cœur de la communauté paroissiale, j’ai très souvent la chance de partager un bout de route avec plusieurs d’entre vous. Nos échanges – je pense entre autres aux rencontres du Mouvement Chrétien des Retraités – sont une telle source d’enrichissement pour moi !

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai eu un lien particulier aux plus anciens : j’ai toujours développé une relation spéciale à la génération de mes grands-parents, à mes grands-oncles et tantes, nombreux dans ma famille. Ils me fascinaient : quelle épaisseur de vie cumulée, quel savoir, quelle jovialité, quelle sagesse aussi ! La capacité à chanter et à rire en toute simplicité ont été une superbe école pour moi, qui suis d’une génération plus blasée. J’aime à dire que vous êtes les plus jeunes de tous, puisque c’est vous qui avez la plus longue expérience de ce que c’est qu’être jeune !

Je voudrais donc rendre hommage à vous, qu’on appelle magnifiquement nos « aînés » : vous n’êtes pas des « vieux », vous êtes juste nés avant nous ! De même que nous le serons pour les suivants ! Vous avez traversé les époques comme on surfe sur les vagues, vous adaptant avec une habilité que j’admire, à un monde en constante évolution. La technologie, les relations sociales, votre cadre de vie d’aujourd’hui, la prise de conscience des enjeux planétaires, tout est si différent du contexte que vous avez connu durant votre enfance et votre jeunesse ! Quelles générations à venir connaîtront autant de changements que vous ? Qui devra encore pareillement « se mettre à la page » dans les siècles prochains ? En particulier si vous avez grandi dans nos petits villages de campagne, vous êtes passés de conditions de vie proches du XIXe siècle à la société hyperconnectée que nous connaissons, sans sourcilier, avec enthousiasme et soif de découverte.

Et au milieu de tout cela bon nombre d’entre vous ont gardé vivante la foi en un Dieu qui se révèle petit au cœur du monde, de la crèche au tombeau vide. Que votre exemple nous inspire en ces temps troublés, qui remettent en question nos certitudes et nos constructions sociétales. Qu’à votre suite nous puissions adapter notre vie à une réalité qui nous lance de nouveaux défis, de la préservation de la planète au devenir commun et solidaire de l’humanité.

Merci d’être vous et tenez bon malgré tout !

Christophe Salgat, théologien catholique engagé en pastorale paroissiale - Moutier
Article publié publié le 7 mai dans le Journal du Jura dans la rubrique quotidienne

 

 

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