Lorsque nous venons de l’extérieur, il nous est parfois plus facile de porter une évaluation critique pertinente que si nous sommes régulièrement impliqués dans l’action pastorale en question. Comme prêtre du diocèse de Sion, professeur de théologie à l’Université de Fribourg, il m’apparaît donc plus facile de jeter un regard rétrospectif sur la Montée vers Pâques 2013 (MVP) que ne pourraient le faire les animateurs eux-mêmes.
Une pédagogie biblique et liturgique
Ce qui m’a d’abord frappé, c’est la qualité de la préparation menée depuis six mois par l’équipe d’animation, remarquablement soudée autour des quatre animateurs en paroisses, Michel Monnerat, Christophe Salgat, Jean-Louis Crétin et Sébastien Brugnerotto.
La pédagogie mise en œuvre m’a particulièrement séduit : toutes les animations partaient des textes bibliques proclamés dans les offices et culminaient dans les célébrations liturgiques. La thématique de la MVP « Et après ? » ne paraissait ainsi jamais « surajoutée » artificiellement de l’extérieur, mais s’articulait au contraire à la problématique de l’Action de Carême 2013 « Sans terre, pas de pain » et à la signification des quatre jours du Ressuscité :
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Le Jeudi Saint (à Tramelan), Jésus laisse à ses Apôtres les signes du pain et du vin, fruits de la terre meuble de l’humanité, pour qu’après sa mort et sa résurrection, ils fassent mémoire de son offrande au Père.
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Le Vendredi Saint (à St-Imier), la croix plantée en terre se dresse vers le ciel et son bras horizontal nous invite à une solidarité universelle qui déborde le temps de la Passion.
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À la Veillée pascale, le Samedi Saint (à Mallerey), le corps crucifié mis en terre surgit ressuscité du tombeau ; le coffre dans lequel paroissiens et jeunes avaient déposé puis enterré leurs poids, leurs souffrances et leurs péchés est devenu le lieu du feu nouveau, du pardon et de la vie plus forts que la mort.
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Le dimanche de la Résurrection (à Moutier), la croix plantée dans le baptistère, illuminée et fleurie, faisait signe vers la terre promise, la Jérusalem (la Sion !) céleste.
Des animations pour et par les jeunes
Le moment le plus fort restera pour moi l’heure d’adoration vécue le premier soir dans la splendide église de Mallerey. Animée par des jeunes (Hélène et Bastien, qui proposent régulièrement de tels temps de « Musique et prière ») pour les nonante jeunes, elle m’a touché au cœur par l’intensité de son silence, soutenu par des pièces musicales et des textes « différents ». Le recueillement était d’une telle intensité que les jeunes ne voulaient pas s’en aller ! Et pourtant il était 23 heures 30, et le groupe avait paru, au départ de la Montée, fort excité…
Les sculptures vivantes, saisissant par groupes de cinq-six jeunes certains épisodes-phares de la Passion selon saint Jean, le deuxième jour, et ponctuées par des « bruitages » fort évocateurs, m’ont bouleversé. La profondeur des rencontres sacramentelles du pardon, le Samedi Saint au matin, allait de pair avec l’enthousiasme vocal et chorégraphique de cette immense foule de près de cent jeunes, le même soir et le lendemain, jamais aussi expressifs que lorsqu’ils incarnent la Parole par le chant ou par la danse.
En paroisses
Une des grâces de cette MVP, c’est le lien très étroit établi entre les animateurs jeunesse, les équipes pastorales et les communautés locales. Dans le Jura bernois, les paroissiens prient, chantent, vivent l’émotion et la joie avec les jeunes : ils ne restent pas spectateurs, ils font corps. Quel témoignage d’Église !
Après la nuit, il n’y a pas la nuit mais le jour. Après le tunnel, il n’y a pas le tunnel mais la lumière (et les témoignages échangés dans le tunnel). Après l’hiver, il n’y a pas l’hiver mais il y a le printemps (dans le Jura comme en Valais). Après la mort, il n’y a pas la mort mais il y a la Résurrection. Et après la Montée vers Pâques ? Il y a les retrouvailles des jeunes le 4 mai, les rencontres proposées tout au long de l’année, la vie de foi, en Église, au quotidien. Car le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Abbé François-Xavier Amherdt
Professeur de théologie à l’Université de Fribourg,
Prédicateur de la Montée vers Pâques 2013 dans l’Ensemble pastoral Pierre Pertuis